Avec un marché qui ne cesse de décoller, le jeu vidéo est devenu une industrie qui compte, tant économiquement que culturellement. Dans le monde le chiffre d’affaires dépasse les 174 milliards de dollars. Un montant qui donne le tournis. Surtout quand on sait que le marché du jeu vidéo est assez ouvert concernant les ordinateurs. Le marché des consoles, lui, est bien plus limité. Trois entreprises se partagent ainsi le monopole. Des géants qui écrasent littéralement toute concurrence. Comment ont-ils donc acquis ce monopole ? Quelles sont leurs méthodes pour fidéliser les joueurs ? Tentons de trouver quelques éléments de réponse.
Une assise historique
L’aura de marque devenue icône comme Nintendo s’est construite avec le temps. La firme japonaise est ainsi âgée de plus de 130 ans. Si au départ, elle était spécialisée dans la création de cartes à jouer, elle va se transformer à partir des années 70. Aujourd’hui, elle est tellement implantée que dans certains pays, une console de jeux se dit “Nintendo” même si elle ne provient pas de la marque. À l’image de sopalin pour l’essuie-tout, ou de frigidaire pour réfrigérateur. Des émulateurs sont même disponibles pour jouer à des jeux Nintendo sur ordinateur.
Quand Sony décide de prendre d’assaut le marché en 1994 avec sa console, la Playstation, le géant Japonais a déjà un certain savoir-faire. Mais, surtout, il possède une puissance marketing hors normes. La console sera un succès planétaire. La preuve, plus de 25 ans après, la Playstation 5 a longtemps été en rupture de stock dû à son succès. Le troisième larron n’est autre que Microsoft. Pas besoin de présenter l’entreprise ni la puissance monumentale des moyens qu’elle peut déployer. Et malgré tout, la firme américaine est toujours en retard par rapport à ses deux concurrents japonais. L’historicité de la firme n’est en effet qu’une cause permettant la construction de licences légendaires. Et, dans le milieu du jeu vidéo, ce sont justement les jeux qui font presque tout le travail.
Des Licences devenues mythes
Le regretté acteur Robin Williams était un tel fan de la série Zelda qu’il a baptisé sa fille du nom de la princesse qu’il s’agit de sauver dans les jeux éponymes. Nintendo en a d’ailleurs joué en mettant en scène le père et sa fille dans une publicité vantant le dernier né de la série.
Au-delà du clin d’œil amusant, cela prouve une chose. Le père a joué à Zelda, la fille aussi. C’est cette continuité, cet ensemble de souvenirs construit au travers de jeu, de l’enfance à la vie d’adulte, qui crée cette admiration et cet attachement pour une licence.
À ce petit jeu, Nintendo écrase tout le monde. Pokémon, Mario, Zelda sont de véritables monuments du jeu vidéo et un certain nombre de consoles ne se vendent que pour pouvoir accéder à ces licences. Sony n’est pas en reste avec notamment Tomb Raider, Crash Bandicoot, ou encore plus récemment Uncharted. Mais ce sont souvent des studios indépendants qui travaillent pour Sony, rien à voir donc, avec le système interne si caractéristique de Nintendo.
Microsoft est à la traîne au niveau des licences mythiques. Si Halo a marqué bon nombre de joueurs, la licence n’est pas traitée avec la minutie qui pourrait la faire entrer définitivement dans le panthéon du jeu vidéo.
Les exclusivités sont ainsi le cœur de la puissance d’une compagnie comme Nintendo. Pour se rendre compte de la puissance de frappe de telles licences, il faut imaginer une partie de cartes où un joueur aurait toujours une des meilleures mains de poker. Même si les autres tentent de s’adapter, c’est très difficile, voire impossible. Malgré tous les efforts des concurrents pour construire une mythologie vidéoludique, aucun jeu de Sony ou Microsoft ne provoque l’engouement d’une foule, contrairement à Nintendo.
Dans un salon dédié à la discipline, des images du prochain Zelda ont ainsi provoqué des cris de bonheur et une effervescence que la firme américaine ne peut imaginer en rêve. Dans quelques décennies peut-être ou avec un jeu qui changera la donne.
Une faculté à se distinguer
Car, pour être totalement objectif, plus le temps passe, plus il est compliqué de s’imbriquer dans un marché saturé par la puissance des géants. Sony comme Nintendo ont profité des débuts de l’essor du jeu vidéo dans les années 2000 pour développer des licences importantes et un savoir-faire vidéoludique.
À l’époque, les jeux n’étaient pas aussi nombreux qu’aujourd’hui et les studios indépendants étaient beaucoup plus rares. Malgré la puissance financière de Microsoft, la firme créée par Bill Gates ne peut exiger le délitement des souvenirs d’une enfance joyeuse, une manette de Super Nintendo à la main. Quand un nouveau Zelda est annoncé, c’est avant tout les souvenirs, les différentes épopées que l’on a vécues en tant que joueurs qui remontent à la surface. Les licences de Nintendo et Sony sont ainsi des “madeleines de Proust” pour de nombreux joueurs.
Le temps et les souvenirs heureux, une chose que même une des plus riches entreprises du monde ne peut pas acheter.